Les "tsapeux" ou lits armoires
Il est assez rare de voir encore de ces lits dans les chalets de montagne de Bramans.
Les conditions de vie s’étant améliorées et d’autre part le danger contre lequel ces meubles avaient été conçus ayant disparu, petit à petit ces meubles disparurent aussi.
Qu’était donc un « tsapeu » ? Imaginez une grande caisse en bois de deux mètres de long, d’une largeur variable selon qu’elle était destinée pour une ou deux personnes, d’une hauteur ne dépassant, guère, en général un mètre. Cette « caisse » était munie sur l’un de ces côtés latéraux d’une porte coulissante que l’utilisateur pouvait ouvrir et fermer soit de l’intérieur, soit de l’extérieur.
Le candidat au sommeil ayant fait coulisser la porte s’introduisait dans le « tsapeu » garni de paille, en guise de matelas et, selon son humeur, refermait ou non la porte d’entrée.
Il n’était pas rare de voir deux de ces lits superposés, l’accès de celui de dessus se trouvant facilité par une courte échelle mobile placée devant l’ouverture.
L’avantage de ces lits était double :
- Premièrement tenir peu de place dans ces chalets bien souvent de dimensions réduites. L’indispensable était de préserver le plus de place possible dans l’unique pièce habitable afin de faciliter le travail de fabrication du beurre, de la tomme et du sérac. Il est à remarquer que si l’habitat était plutôt négligé, la plus grande majorité des chalets possédait une cave voûtée en plein cintre, facilitant par sa fraicheur la conservation des produits laitiers.
- Deuxièmement faciliter le transport de l’un de ces lits auprès du parc dans lequel était rassemblé pour la nuit le troupeau de moutons. Le berger dormait dans le « tsapeu » étant ainsi à l’abri des intempéries et à pied d’œuvre pour défendre son bétail contre les bêtes « ravissantes ». Le mot « ravissantes » n’est pas ici un qualificatif gracieux mais le participe présent du verbe ravir.
Il faut se souvenir que les bêtes « ravissantes » étaient particulièrement nombreuses dans nos régions, loups et ours y causaient de grands dommages.
Les archives de la commune ne font aucune mention de ces animaux, mais la destruction de ces nuisibles dans les communes voisines était active.
Le 4 février 1652 les syndics de la mestrallie d’Amodane dressent le répartement pour payer la chasse d’un ours pris en ai der nier et d’un loup pris en novembre 1651, d’autres prises suivent.
Vers 1764 et les années précédentes, la communauté de Termignon était désolée par l’incursion des bêtes sauvages qui attaquaient et décimaient les troupeaux.
Encore dans l’hiver 1801 – 1802 les loups étaient nombreux dans les cantons de Termignon et Lanslebourg et les maires demandèrent au Sous Préfet l’autorisation d’organiser des battues.
Bramans n’était certainement pas à l’abri des bêtes « ravissantes » et mon arrière grand père, Symond Jean Nicolas, né en 1780, avait encore couché dans un tsapeu.